« « Folie à deux » est un titre provisoire » prévient d'emblée la réalisatrice Emilie Verhamme qui avait publié son annonce pour le casting dans la Gazette. Cette jeune Belge qui s'est fait remarquer par ses deux premiers courts-métrages n'a rien d'une inconsciente, bien au contraire. Très sûre d'elle et motivée par le tournage de son premier long métrage, elle a choisi l'île d'Yeu, où elle a écrit le scénario, pour évoquer un monde isolé dans lequel les enfants essaient de préserver leur part d'insouciance.
Après un cursus de droit, Emilie Verhamme a commencé à 21 ans des études de cinéma à l'école supérieure des arts Sint-Lukas à Bruxelles. « Tchernobyl Hearts » et surtout « Cockaigne » sélectionné en 2012 au Festival de Cannes dans la section des courts-métrages, ont déjà prouvé le talent d'une jeune femme qui entend maîtriser tous les aspects de la production de son film.
Un budget étriqué
Car contrairement à la plupart des films, « Folie à deux » n'a pas vraiment de producteur, Emilie coiffant toutes les casquettes. « Grâce à un prix obtenu et au système fiscal de l'audiovisuel en Belgique, j'ai un budget d'environ 100.000€ pour faire le film. Je n'avais pas envie d'attendre que des producteurs, des distributeurs se décident car cela prend beaucoup de temps. J'ai préféré me lancer avec l'aide de jeunes gens que j'ai rencontrés pendant mes études et qui ont envie de faire des films sans les contraintes de la production », a expliqué la jeune réalisatrice. Son énergie et celle de son équipe portent donc un projet de film entre onirisme et science-fiction. « C'est l'histoire d'un village où les adultes imposent leurs phobies aux enfants. Folie à deux est un terme psychiatrique, le syndrome d'une personne qui transfère ses angoisses à une autre. Dans le film, les parents s'entraînent à la survie en cas de catastrophe et leurs enfants n'ont pas d'autre choix que de les suivre. Alors une nuit, les enfants se rebellent et recréent un village où ils pourraient vivre « normalement »... »
« Le film n'a évidemment rien à voir avec l'île d'Yeu ! » tient à préciser la jeune réalisatrice. « Mais une île est propice à raconter un monde à part où l'espace et le temps ne sont pas définis. Au niveau de la production, c'est un rêve de travailler ici ! Nous avons été très bien accueilli par la mairie et beaucoup de personnes nous aident comme Tatiana Smajda pour les décors. Le tournage se déroule très bien et je suis vraiment très contente de ces premiers jours ! »
De nombreux Islais impliqués
Le tournage s'étale sur 21 jours en octobre pendant lesquels la réalisatrice va chercher à capter les belles lumières des décors islais. Mais en plus des contraintes météo des tournages en extérieur, l'équipe du film doit s'adapter à la disponibilité des nombreux figurants islais qui travaillent ou vont à l'école. Clément Bertrand, Danièle Alix, « Pépé » Charon, Marie de l'île, son mari et leurs enfants, tiennent des rôles importants dans le film, tandis que toute une autre partie des acteurs vient de Paris et de Belgique. Le film devrait être terminé en début d'année prochaine pour éventuellement une sélection dans une des sections du Festival de Cannes. Une avant-première sera organisée sur l'île mais après une sélection dans un des grands festivals internationaux qui imposent que les films ne soient pas diffusés auparavant. Rendez-vous donc pour cette folie avant ou après l'été prochain.
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