Depuis la création d'un service municipal dédié, le patrimoine islais est de plus en plus mis en valeur dans ses différentes composantes et périodes. Avec cette conférence inspirée de son travail de recherche universitaire, Annabelle Chauviteau nous replonge 4.000 ans avant notre ère, à l'époque où les hommes érigeaient sur l'île d'Yeu dolmens et menhirs en quête d'absolu. Rendez-vous mercredi 30 avril, à 18h30 au Casino.
L'intérêt de ces recherches est évidemment de comprendre le mode de vie des habitants de l'île. Or, il y a donc environ 6.000 ans, le territoire insulaire était assez différent, notamment les niveaux marins plus bas comme le prouve cette pêcherie identifiée aux Conches et dont les vestiges se retrouvent désormais immergés même à marée basse. « Les islais de l'époque était des agriculteurs et des pêcheurs, avec des pêcheries sur la côte mais aussi en naviguant. Au cours des fouilles, nous avons entre autres découvert des poids qui servaient à lester les filets de pêche comme au dolmen de la planche à puare. Et nous savons qu'ils naviguaient car les mégalithes de l'île sont vraiment typiques de ceux de l'embouchure de la Loire. » L'île n'était donc pas un territoire isolé, les échanges existaient et les Islais de l'époque se caractérisaient par leur appartenance à une culture régionale.
La symbolique des monuments
Sur l'île, différents types de dolmens ont été construits : à couloir comme aux petits fradets, à couloir et cellule latérale comme celui de la guette, transepté comme celui de la planche à puare, ou encore à allée couverte comme celui des tabernaudes. Quant aux menhirs, s'il ne reste que de petits exemples sur l'île, les archives décrivent celui de la Pierre-levée d'une hauteur de 7,30 mètres ! Érigé sur un point haut de l'île, à une époque où celle-ci n'était pas boisée, ce menhir était certainement visible de très loin en mer. La situation côtière de la plupart de ces mégalithes avait d'ailleurs certainement pour objectif d'impressionner les visiteurs maritimes. Tout comme leur orientation s'inscrivait dans un cycle naturel, un rapport symbolique très fort à l'environnement certainement révélateur des croyances de nos ancêtres. « Le dolmen de la planche à puare est orienté Est-Ouest et, le jour du solstice d'hiver, le soleil levant entrait exactement dans une ouverture du tumulus qui le recouvrait ! » nous explique l'historienne islaise. Dans son travail de recherche, Annabelle a pu s'appuyer sur les travaux de Marcel Baudouin, il y a exactement un siècle, et dont les plans lui ont permis de retrouver par exemple les traces de la ciste de Barbe, un cercueil en pierre entre les Sabias et le Vieux Château.
Et puisque les découvertes n'arrêtent pas, la jeune femme au rire communicatif terminera sa conférence par quelques informations sur l'actualité archéologique de l'île, de l'ancien village de Ker Châlon à l'église de Saint-Sauveur, du cimetière des noyés de la Gournaise à l'éperon barré de Ker Daniaud.
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